35000km
en T-MAX XP 500
A en juger certains propos tenus sur le Forum, les scooters
et le TMAX en particulier ne sont pas en odeur de sainteté
parmi les « vrais » motards… Oublions
la polémique, au moins le temps de vous faire part
de mon plaisir de rouler en TMAX depuis un an et (déjà)
35000km, habitant une petite ville de Vendée.
La quarantaine passée, j’ai repris la moto
en achetant un SV 650N dès sa sortie. Quel progrès
par rapport aux machines des années 75/80 que j’ai
possédées (de la 125 Honda à la 1000
BMW RT)… Après 3 ans et 24000km, j’ai
décidé de passer au maxi-scooter par conviction
: je suis sûr, et encore plus maintenant, que l’avenir
du 2 roues « tourisme » passe par ce concept…
Revenons au TMAX…
Esthétiquement,
rien à dire, c’est chouette : belle ligne,
excellente finition. Les nombreuses pièces plastiques
du carénage s’imbriquent parfaitement les
unes dans les autres, pas de vibrations ni de bruits parasites.
Au démontage (facile), on remarque de nombreux
coussinets de mousse et autres élastomères
qui contribuent à ce silence de roulage.
On monte sur le TMAX
en l’enjambant comme n’importe quelle moto
et on se retrouve dans une position analogue à
celle des BMW RT flat, les pieds un poil plus en avant
sur le tablier (pas de repose-pieds !).
L’assise est confortable,
large, avec un petit dosseret réglable qui permet
de se caler naturellement sur la selle : bien vu ! Le
guidon est large (idem BMW RT flat, décidément
la référence) et les commandes très
douces. La largeur de la selle et du tablier obligent
à écarter légèrement les jambes
à l’arrêt : avec mon mètre 70,
je touche de la pointe des pieds, c’est tangent
quand il y a de la pente !
La maniabilité à
l’arrêt ne pose pas de problème
malgré le poids (200kg) et les frottements de la
transmission secondaire (petit effort de roulage à
vaincre). Le béquillage est enfantin et les 2 béquilles
sont très stables. A noter, transmission oblige,
que la latérale coupe l’allumage.
On démarre… Obligation de freiner pour démarrer (toujours la
transmission…). Starter automatique… Ah le
bruit, on dirait (encore) une BMW flat ! Très feutré,
l’échappement est particulièrement
silencieux à bas et moyens régimes. Quand
on enroule, le TMAX est globalement très discret.
Par contre, quand on ouvre (ça ne m’arrive
pas souvent), on croit piloter un robot Moulinex des années
60, les vibrations en moins. Parlons-en des vibrations
: il n’y en a pratiquement pas. Il faut savoir que
ce moteur est issu de la gamme Yamaha Marine : hors-bord
bicylindre longue course avec un 3ème « faux
» cylindre d’équilibrage dynamique.
Le résultat est éloquent, on ne ressent
quelques vibrations que sur le frein moteur : le confort
de conduite est réel.
La maniabilité est exemplaire, malgré la longueur de l’engin
(empattement plus long qu’une moto) et les petites
roues. Le centre de gravité très bas, le
moteur centré sur le chassis et la douceur de la
transmission font du TMAX une véritable bicyclette
en ville : les embouteillages, pas de problème,
on n’y reste jamais coincé.
L’équilibre général est réellement celui d’une moto, au delà
de ce qu’en dit la presse spécialisée.
Techniquement, le TMAX, c’est un châssis de
moto, une fourche de moto, un bras oscillant de moto,
un moteur central. A noter l’amortisseur AR façon
Buell ou Voxan : placé sous le bloc moteur, il
est particulièrement compact et sa discrétion
contribue de plus à l’esthétique de
l’AR du TMAX.
La tenue de route est
exceptionnelle. Même si je roule très cool,
j’apprécie la neutralité de la direction,
cette aisance naturelle sur l’angle, l’absence
de louvoiement en grande courbe. La conduite en est instinctive.
Le seul point qui surprend un peu au début, c’est
le freinage de l’avant en courbe qui a tendance
à relever la machine davantage qu’une moto.
Le freinage… ni
couplage, ni ABS. Mais un dosage là encore extrêmement
facile, avec en particulier un disque AR de grand diamètre
toujours propre (transmission sous carter étanche).
Le simple disque AV est suffisant. Le fait de freiner
de l’AR à la poignée gauche permet
de répartir et d’équilibrer parfaitement
le freinage : pratiquement, je constate que le freinage
est optimal à 50% AV et 50% AR, alors qu’en
moto on a tendance à privilégier l’AV.
Les performances… tout dépend de ce que l’on veut. On a écrit
n’importe quoi à ce sujet sur le TMAX. En
réalité, il ne peut donner plus que ses
40 chevaux (soit la puissance des BMW R60/6 de 1970 !).
40 chevaux, ça permet d’accrocher les 150
chrono, point (je n’ai même pas essayé,
n’ayant pas acheté le TMAX pour sa vitesse
de pointe) ! Par contre, avec le variateur qui permet
d’exploiter au mieux la (faible, je le répète)
puissance du moteur, n’importe quel TMAX démarrant
à fond au feu rouge sera forcément devant
sur 200 mètres ! De même, les reprises à
partir de 60 ou 80km/h sont bluffantes : pas de problème
en solo pour doubler, l’aiguille monte comme une
fleur de 80 à 120 ! Même en duo. Après
120, c’est une autre histoire…
Les sensations moteur sont quasi inexistantes : la puissance moyenne et le faible
couple du moteur sont totalement gommés par le
variateur. Quand on ouvre, ça « ouine »
et ça avance : pas de coup de pied au c…,
c’est totalement aseptisé, on dirait une
turbine.
La protection offerte
par le carénage est appréciable. On peut
rouler visière ouverte (rappel, je toise 1,70m)
sans prendre tous les insectes. Sous la pluie, seules
les mains sont directement exposées. La combinaison
de pluie n’est pas indispensable. A noter que par
forte chaleur, on ne ressent pas celle du moteur (contrairement
à beaucoup de motos), même dans les encombrements.
Le confort est très
convenable, mais « piègeux ». La position
de conduite est de prime abord idéale, le dos et
la tête bien droits, les mains tombant naturellement
sur le guidon. Les suspensions sont fermes (très
typées moto, une fois de plus) mais très
bien amorties. Par contre, les pieds en avant sur le tablier
ne jouent plus leur rôle de soutien et c’est
la colonne vertébrale qui prend tout. Sur une moto,
quand le nid de poule est aperçu trop tard, on
soulage le choc en se redressant sur les repose-pieds
: c’est impossible en TMAX. Conclusion, pour éviter
ce qu’en Italie, pays du TMAX avec 30000 exemplaires
vendus, les kinés appellent « le syndrome
du scootériste », soignez votre dos et votre
ceinture lombaire ! Après 100/150km ou 2h de route,
le bas du dos commence à fatiguer un peu. Cependant,
le week-end du 15 août consacré à
la région de Vichy nous a fait parcourir avec mon
épouse de passagère environ 1600km en 4
jours sans bobos…
Le duo justement, quel
bonheur… L’équilibre du TMAX n’en
est absolument pas perturbé. La maniabilité
et la tenue de route restent au même excellent niveau.
La place dévolue à mon épouse est
très confortable et spacieuse (ça change
de la SV 650 !). Avec le top-case GIVI 52l à dosseret
incorporé, ma moitié vit sa vie derrière
moi en toute tranquillité sans me gêner le
moins du monde. Elle déplore seulement que la largeur
de la selle l’oblige à écarter un
peu trop les jambes pour trouver les cale-pieds. Globalement,
en terme de confort et d’équilibre dynamique
en duo, le TMAX place la barre très haut, au niveau
de BMW.
En ville, c’est
le pied… Stabilité, maniabilité, douceur
de la transmission, quelle tranquillité d’esprit…
Sur petites routes, la promenade est agréable :
on circule sur un filet de gaz, que la route soit bonne
ou mauvaise. Les qualités dynamiques de l’engin
sont belle et bien présentes et rendent la conduite
instinctive, comme évoqué plus haut. Dans
ces conditions, que l’on ait 40 ou 100 chevaux…
Sur route « normale
», en solo, RAS, on suit le flot de véhicules
sans problème de 80 à 120km/h. En duo, ça
se gâte un peu. A moins d’ouvrir sensiblement
plus, ce qui n’est pas dans mon tempérament,
on subit la circulation. On commence à ressentir
le manque de puissance à moyen régime :
ce n’est qu’un 500cm3 de 40 chevaux !
Sur autoroute en solo,
ça peut aller. La stabilité aérodynamique
est excellente (on ressent l’appui du vent sur le
carénage et le raidissement de la direction à
partir de 110km/h). En duo… pas le choix, faut essorer
la poignée pour tenir 130km/h en vidant le réservoir
aussi vite qu’un demi au comptoir !
La consommation a fait
couler… beaucoup d’encre par le essayeurs
professionnels. Sur 35000km, j’ai une moyenne de
5,1 litres aux 100km en roulant, vous l’avez compris,
plutôt cool ! En ville tranquille ou en promenade-route,
soit 75% de mon utilisation, la conso s’établit
entre 4,75 et 5 litres. Pas plus bas, même très
cool, car le variateur impose au moteur de « mouliner
», même à basse vitesse. Sur trajet
routier en duo, compter 5,5 litres. Sur autoroute à
120 dans le sens du vent : 5,5 litres. Sur autoroute en
duo dans l’autre sens (contre le vent) : 7,5 litres,
toujours à 120 ! En fait, le régime de couple
maxi est à 5500 tours soit environ 110km/h. Tant
que l’on reste dans la fourchette 80/110, la conso
tourne autour de 5 litres mais grimpe rapidement au delà.
L’autonomie est
limitée à 250km (réservoir de 14
litres) : c’est un peu juste.
Les bagages trouvent
facilement leur place pour un week-end à 2 avec
le top-case et le coffre sous la selle (il contient un
intégral). Idem pour les colis que je vais conduire
à la Poste le soir : les plus volumineux sont placés
entre mes jambes (en toute sécurité).
L’entretien est
simpliste. Vidange/filtre tous les 5000km, accessibilité
optimale. Bougies, filtres à air (il y en a 3),
vidange transmission secondaire, courroie de variateur
tous les 20000km. Jeu aux soupapes à 40000km. La
maintenance du TMAX est très économique
car à l’instar de BMW, on la fait facilement
soi-même. A noter qu’outre le filtre à
air moteur, il y a 2 filtres à air sur le circuit
de refroidissement par ventilation du variateur. Ces filtres
(onéreux) sont accessibles avec un minimum de démontage
: je les nettoie régulièrement (5000km)
pour espacer leur remplacement. Idem pour le filtre à
air moteur.
Conclusion : même
si je lorgne de temps en temps avec envie du côté
BMW (en me gaussant toutefois de la fiabilité toute
relative des derniers modèles, à en juger
les Forum ad hoc), je considère que le TMAX est
une excellente moto de tourisme (j’ai bien dit :
moto). Sans aller à employer le terme « utilitaire
», peu de motos permettent un usage quotidien aussi
décontracté. Dans la gamme des maxi-scooters,
le TMAX est le seul à le proposer en conservant
la philosophie moto. Bien sûr, l’absence de
réelles sensations moteur et le manque de couple
inhérent à la conception de la transmission
sont frustrants, mais les autres qualités de l’engin
sont telles que je ne regrette pas mon choix.
Scoop : la consultation
assidue des sites web italiens (le pays du scoot) me permet
d’annoncer un super TMAX au salon de Paris : bicylindre
650 ou tricylindre 750 à injection. Rêvons
un peu d’une transmission auto 2 vitesses style
« cool » et « sport », d’un
moteur coupleux de 60/65 chevaux, sans changer le reste,
déjà excellent : la BMW 850 RT souffrira
et la Honda Deauville tombera aux oubliettes.
Peut-être alors les motards croisés répondront-ils
à mon salut ? Actuellement, même quand
je porte l’intégral, je salue en pure perte
90% des collègues rencontrés, même
en plein hiver.

Mars 2006 : Révision des 50000 km semaine 09, l'heure des bilans :
Tmax juillet 2002, usage quotidien cool, entretien perso sauf "grosses interventions".
Vidange tous les 7500km avec huile synthétique Carrefour ou semi-synthétique Leclerc. Filtre à huile tous les 15000km.
Filtre à air et filtres de variateurs nettoyés tous les 10/15000km, changés à 35000km. Bougies neuves tous les 15/20000km.
Transmission vidangée à 20000km avec de la synthétique ; je n'y touche plus dorénavant, ce serait du gaspillage que de respecter la préco Yamaha !
Plaquettes de freins remplacées (enfin !) à 50000km.
Pneus d'origine remplacés à 24000km par des Pilot, pneu AR remplacé à 50000km (Pilot toujours).
Courroie et galets (plus lourds) changés à 24000km, puis à 50000km
Contrôle jeu soupapes à 50000km : RAS (sinon 5h de MO !!!)
Contrôle distribution à 50000km : RAS (dixit le mécano)
Batterie d'origine, chargeur d'entretien bien pratique cet hiver quand il a fait froid.
Total entretien : 1256 € (mon mécano prend 30 € HT de l'heure, pour la courroie et le contrôle des soupapes)
Total carburant : 2663 € (5,1 l/100 en moyenne)
Prix du km roulant, hors dépréciation et assurance (225 € Macif) : 0,08 € / Km
En bref, dans le cadre d'un usage peinard, le Tmax reste économique et fiable. Dommage qu'il faille changer la courroie et les galets tous les 20/25000km et que la fourche (du moins la mienne) soit bruyante sur les pavés.
C'est reparti pour viser les 75000km : d'ici là, Yam aura peut-être enfin accouché d'un grand frère pour le Timmy.
j'ai oublié de dire que je n'ai noté aucun signe de vieillissement en 50000km (vibrations, bruit, ralenti,...) à l'exception de cette satanée fourche un peu bruyante et que j'ai profité de la révision majeure pour remplacer les fluides (freinage, refroidissement). Consommation d'huile : nulle !
Bref, de la belle et bonne mécanique....
Alain Bossard, à Challans en Vendée.